Pour compléter la présentation générale des trois grandes familles d’estampes, intéressons-nous à la gravure “in taglio”.
La gravure sur bois
Pour compléter la présentation générale des trois grandes familles d’estampes, intéressons-nous à la gravure sur bois et à la xylographie, techniques d’impression “en relief”.
Les ennemis du papier
Nous en avons déjà un peu parlé dans l’article Conserver une oeuvre sur papier, mais j’aimerais revenir sur les différents dangers pour le papier ainsi que leurs solutions de restauration. Continue reading “Les ennemis du papier”
Les années noires de la peinture Allemande
Visite de l’exposition “Les années noires” à Berlin
C’est dimanche. Arrivé à la fin de la journée, une envie pressante me fait sauter sur mon vélo pour pousser les portes de la Hamburger Bahnhof, musée d’art contemporain à Berlin. L’expo finissait dans quelques jours et je ne pouvais pas rater ça : les peintres modernes allemands et leur rapport à l’autorité nazie.
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Votre soirée à la Philharmonie de Berlin
Voici quelques conseils pour réussir votre soirée à la Philharmonie de Berlin. Heureusement pour vous, il est difficile de se tromper. Car la programmation est toujours au top, à petit prix, et le dress-code inexistant. Le slogan “venez comme vous êtes” est tout trouvé pour la Philharmonie de Berlin !
La face gravée de… Käthe Kollwitz
J’aimerais vous parler d’une artiste dite “expressionniste” dont j’ai laissé de côté l’œuvre pendant quelques années. C’est en visitant le musée de Berlin qui lui est consacré que son œuvre gravée, surtout, m’a sauté aux yeux pour ne plus me lâcher.
Son œuvre est presque uniquement composée de gravures, majoritairement des eaux-fortes et lithographies mais également quelques gravures sur bois très puissantes et expressives, comme on le verra.
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La vente de la semaine : lithographies d’exception
Cette semaine, on retourne à la maison de ventes Bruun Rasmussen pour deux articles. Le premier présente une sélection des lithographies d’exception, et le second des estampes de CoBrA
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Visite de la galerie Nierendorf à Berlin
Le paradis de l’amateur
Je viens de découvrir une merveille. Un paradis de la lithographie. Un joyaux pour qui s’intéresse à l’art expressionniste à Berlin, j’ai nommé la Galerie Nierendorf, spécialisée en peintures expressionnistes et surtout en estampes : des milliers de lithographies, gravures sur bois et dessins de mes peintres allemands préférés (et peut-être les vôtres). Au menu, Otto Dix, Emil Nolde, Karl Hofer et bien d’autres… Avec de véritables œuvres d’art, classées dans des boites, prouvant que l’estampe peut être aussi intense que la peinture (vous en doutiez ?).
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La vente de la semaine : Bruun Rasmussen
Une vente colorée…
Bruun Rasmussen, c’est une maison de vente danoise spécialisée dans les œuvres d’arts d’Europe du nord. On trouve principalement des tableaux et estampes du groupe CoBrA, avec en tête Karel Appel, Asger Jorn, Pierre Alechinsky, Corneille, etc. La maison organise régulièrement des ventes en ligne d’estampes modernes. C’est toujours une occasion pour faire des affaires ou voir de passer de belles pièces.
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Évaluer une estampe
Quelle est la technique utilisée ?
Pour estimer une estampe, il faut en premier lieu étudier le rapport de l’artiste avec la technique mise en œuvre. Est-ce une technique qu’il a souvent pratiquée ? Qu’il affectionnait ? Ou, au contraire, s’agit-il d’une technique anecdotique dans son œuvre ? Beaucoup de peintres-graveurs se sont essayés à différentes méthodes d’impressions auxquelles ils avaient accès.
Le peintre naïf Ivan Rabuzin, pour la petite histoire, a réalisé toute une série de gravures pour faire plaisir à son fils qui l’avait initié à cette technique. Finalement, après quelques dizaines d’éditions, il lui a confié qu’il n’aimait pas la gravure…
La notion de rareté revêt, ensuite, une importance capitale dans l’estimation du prix d’une estampe. Cependant, qui dit rare ne dit pas toujours cher, car même si la production d’estampe d’un artiste est restreinte, elle n’en acquiert pas automatiquement une grande valeur.
Mais la tendance existe, comme l’illustrent les lithographies de Francis Bacon. Si elles ont une grande valeur par leur rareté, l’artiste ne tenait pas à en superviser la production et rechignait à les signer.
À l’autre bout du spectre, il n’est pas difficile de trouver une gravure de Dali signée pour quelques centaines d’euros, noyée dans sa production faramineuse.
Quelle est l’implication de l’artiste ?
Toutes les estampes d’un artiste ne se valent pas. L’implication dans le processus de création a une importance majeure.
Les techniques les plus directes comme la lithographie permettent une implication maximale du peintre qui dessine à même la pierre. Au contraire, pour une gravure sur bois, par exemple, l’artiste doit acquérir une technique nouvelle et fastidieuse. La gravure de la planche peut être laissée à un professionnel, ce qui réduit l’implication de l’artiste.
On s’approche de la notion d’estampe « originale » . Selon Mourlot – imprimeur de légende – une lithographie est originale dès lors que l’artiste conçoit une image avec une technique en tête et qu’il en supervise la production (même de sa maison de campagne…).
Il y a donc un large continuum allant de l’artiste qui dessine l’image, réalise l’estampe et fait l’impression lui-même (éventuellement à la main) à l’artiste qui laisse reproduire une de ces peintures pré-existante sur une feuille préalablement signée. Entre ces deux pôles se trouve un ensemble de situations diverses qui modifient subtilement la valeur d’une œuvre. Ce n’est pas simple !
La justification (numérotation, signature…)
Dans le cas d’une estampe, le mot « justification » fait référence à TOUT ce qui n’est pas le papier ou l’image. C’est-à-dire toutes les inscriptions en dehors de l’image, sur les marges et au dos de l’œuvre. Le plus souvent au crayon à papier, elles “justifient” l’édition et montrent l’implication de l’artiste.
En théorie, on trouve la numérotation en bas à gauche (sur le nombre total de l’édition : « 15/50 ») et la signature de l’artiste en bas à droite. Dans les faits, de nombreuses subtilités existent et il n’est pas inutile de les détailler !
La numérotation, par exemple, peut être en chiffre arabe (73/100), pour le tirage classique, ou en chiffre romain (IX/XX), pour les épreuves hors de l’édition. Quand la numérotation est remplacée par des lettres, il s’agit d’un « état ».
En effet, l’estampe, avant d’être approuvée par l’artiste qui y appose son « bon à tirer », passe par un certain nombre d’états. En plus des 100 tirages numérotés pour l’impression, par exemple, on réservera aussi quelques feuilles pour l’artiste (E. A., épreuve d’artiste ou A.P. Artist Proof), pour les imprimeurs, l’éditeur ou les amis de la famille. Ces impressions supplémentaires ne devraient pas dépasser 10% de la production et portent les mentions généralement la mention H. C. (hors commerce).
Ensuite, on peut penser qu’une gravure numérotée 1/50 de Picasso est de meilleure qualité qu’un autre numéro. C’est pourtant faux ! La numérotation se fait dans le sens de la dernière impression à la première, voire dans un sens aléatoire. Mais le marché les surévalue tout de même. Vous ne serez plus dupe ! 😉
À droite, un « état » de la célèbre lithographie d’Otto Dix portant des indications techniques et des repères de couleur (de la main de l’artiste). Cette œuvre a été adjugée deux fois plus chère que l’édition classique en 2016.
Cette complexité invite le collectionneur à toujours consulter le catalogue raisonné de l’artiste avant de mettre la main au portefeuille pour un tirage supposé « rare ». Le même support aura pu servir à faire de nombreuses impressions que des éditeurs peu scrupuleux justifient en petites séries pour créer l’illusion de la rareté. À ce propos, Hundertwasser aimait tirer de multiples sous-série de la même estampe pour varier les couleurs. Pour limiter la spéculation, il avait indiqué le numéro de la variante de couleur et de la série entière. Ainsi, une feuille portait la mention XIX/XXX (pour la sous-série) et la mention 19/250 (pour la série entière).
Pour finir, toute mention supplémentaire est à prendre en compte, qu’elle soit manuscrite ou non, de la main de l’artiste ou pas. Peuvent ainsi figurer la mention du titre de l’œuvre, des indications techniques de la part de l’imprimeur au dos de la feuille, ou encore une dédicace de l’artiste. Tout ceci peut, dans certaines conditions, faire varier la valeur.
Cela prend parfois un tour incongru : je pense aux estampes de Picasso signées en rouge qui sont vendues plus chères que les autres. Quel mystère se cache derrière ce crayon rouge ? Aucun : Picasso n’avait pas de crayon à papier sous la main. Du coup, les tirages « signés en rouge » sont plus rares… et la signature se voit mieux.
Pour finir, sachez que, bien souvent, les mêmes pierres sont utilisées pour tirer des lithos signées et non signées (insérée dans des revues d’art, par exemple). On peut ainsi acquérir une très belle lithographie pour une fraction du prix de la même œuvre signée, alors que l’implication de l’artiste est identique.
L’état de conservation
Malheureusement, si la gravure ultra-rare de Soulages que vous avez trouvé dans le grenier familial est jaunie et porte de vilaines traces de scotch (même au verso) je suis au regret de vous annoncer qu’il ne vous reste plus qu’à la refourguer à un candide qui n’aura pas lu ce guide !
Blague à part, l’état de conservation d’une estampe est primordial. Car l’estampe est un multiple et fait partie d’une série, au contraire d’une peinture qui est unique. Et si la patine sur une toile de maître sera considérée comme un atout, la moindre imperfection sur le papier d’une estampe en fera chuter le prix.
Mon conseil : allez voir l’œuvre et inspectez le tirage sous tous les angles (exigez de voir la feuille hors de son cadre ou de son passe-partout) ou, pour un achat à distance, faites confiance à une galerie spécialisée qui n’aura pas intérêt à vous mentir sur l’état de l’œuvre sous peine de perdre un client et d’éroder sa réputation. A ce sujet, je tiens à préciser que toutes les maisons de ventes aux enchères n’ont pas la même fiabilité et expertise. Ne vous y fiez qu’après une première expérience réussie. Ceci étant dit, leur catalogage tend à s’améliorer avec le temps.
Un dernier détail qui a son importance : toutes les techniques d’impressions ne produisent pas des estampes homogènes. Alors qu’une sérigraphie de Warhol imprimée à plusieurs centaines d’exemplaires sera “identique” à une autre de la même série, il peut y avoir de grandes variations dans le tirage d’un bois gravé. Cela tient, évidemment, à la nature du support. Si on n’imagine pas user une pierre lithographique de si tôt, il n’en va pas de même pour une gravure sur lino.
Les gravures en pointe sèche (de Rembrandt, au hasard) son appréciées des collectionneurs car elles reproduisent les fines barbes laissées par la pointe sillonnant le métal. Autant vous dire qu’après quelques dizaines d’impressions, il faut une bonne loupe pour avoir la chance de les observer.
Ce que je veux dire, c’est que dans le cas de gravures (sur bois ou sur métal), il est judicieux de comparer les impressions d’une même image et, éventuellement, d’avoir un tirage de référence à l’esprit. Concrètement, une impression de mauvaise facture présentera des couleurs passées, un peu comme un tampon encreur en fin de parcours.
On observe des différences d’impressions sur cette gravure de Conrad Felixmüller. Pour tout vous dire, j’ai eu entre les mains l’exemplaire de droite que j’ai laissé au vendeur malgré le prix attrayant.
La provenance de l’estampe
La provenance d’une œuvre d’art, c’est le chemin qu’a emprunté l’œuvre avant d’arriver sur le mur de votre salon. Elle peut augmenter la valeur de l’œuvre si elle est courte (de l’artiste à l’acheteur), irréprochable (traçable) ou exceptionnelle (l’œuvre a appartenu à une personnalité ou à un collectionneur de renom). Mais au contraire, elle peut desservir la valeur de l’œuvre si elle est floue ou incomplète. Attention, cependant, aux provenances trop belles pour être vraie : certains vendeurs n’hésitent pas à les inventer de toute pièce.
Cette sérigraphie de Warhol a une histoire amusante. L’acteur Denis Hopper, son précédent propriétaire, a percé l’œuvre de deux balles lors d’un accès de folie. Andy, trouvant cela cocasse, a rehaussé l’œuvre au crayon en entourant les deux trous. Cette provenance particulière, doublée de l’anecdote, a permis à l’œuvre d’être adjugée à 10 fois son estimation.