C’est au Paris Print Fair que je rencontre Thaddée Poliakoff. Un nom qui résonne pour tout amateur d’art moderne et d’estampes. En effet, Thaddée Poliakoff a fondé la galerie Le Coin des arts, et dirige notamment l’estate Poliakoff.
Nous trouvons une petite place entre deux stands, et je lance l’enregistrement. Très vite, je suis porté par son enthousiasme et sa générosité. Il me parle de sa galerie, du métier de marchand d’art et de sa passion toujours renouvelée pour l’art moderne. Portrait d’un passeur d’estampes.
Un nom qui résonne
Quand on lui demande s’il est avant tout galeriste ou collectionneur, Thaddée Poliakoff ne tranche pas. Il a démarré son travail de galeriste, voici une quinzaine d’années, à partir de sa collection personnelle. Ce n’était pas un crève-cœur, puisque le marchand adore partager ses découvertes.
Et elles sont nombreuses, avec bien sûr les peintres des abstractions à la française, mais aussi des artistes contemporains. L’attrait pour la couleur saute aux yeux, ainsi qu’une certaine matérialité charnelle.
Il visite régulièrement les galeries et musées, et me parle de ses coups de cœur récents : la rétrospective Josef et Anni Albers au MaM, ou encore sa redécouverte de Bernar Venet. Je sens qu’il n’est jamais rassasié, toujours à l’affût de nouvelles découvertes qu’il pourra ensuite partager avec ses clients.
Thaddée Poliakoff est un homme occupé, mais facile d’accès, à l’image de sa galerie.
Occupé, car il est à la tête de deux espaces de vente (à Saint-Germain-des-Prés et dans le Marais), d’un site internet de vente d’estampes en ligne, et de l’estate de son grand-père et du sculpteur Jean-Gabriel Chauvin. Il répond à cet égard régulièrement aux demandes d’authentification et d’estimation.
Accessible, c’est le maître-mot de son activité de passeur. Il s’est donné pour ligne directrice d’ouvrir sa galerie au plus grand nombre, et de faire connaître l’estampe moderne au-delà des institutions traditionnelles. L’élitisme n’a pas sa place à la galerie, et il sait trouver une œuvre pour tous les budgets.
Le Coin des arts
La galerie Le Coin des arts est à l’image de son gérant : accessible. Ses portes sont faciles à pousser, et la galerie nous invite à la contemplation, dans ses deux espaces ou en ligne. On s’y sent à l’aise, et on prend le temps de flâner ou d’exercer son œil. On vient pour parler d’une pièce qu’on a repérée sur le site. On discute des techniques de l’estampe avec l’équipe, et la conversation nous emmène ailleurs. Le galeriste est à l’écoute, et admet apprendre en permanence de “ses” collectionneurs.
Rester à la pointe (sèche)
Depuis la crise sanitaire, la concurrence sur le marché de l’estampe s’intensifie, et de nombreuses galeries s’ouvrent à la vente en ligne. De leur côté, les maisons de ventes aux enchères prennent des parts de marché, organisant des ventes directes, tout en reprenant les méthodes du e-commerce. Pour autant, j’apprends que la concurrence est saine, et que les acteurs de l’estampe cherchent à faire grandir ce petit segment du marché de l’art (moins de 5% des ventes publiques en 2022).
Pour Thaddée Poliakoff, il faut tirer parti de ses forces. D’abord, s’appuyer sur une expertise reconnue dans le milieu de l’estampe moderne et contemporaine. Ensuite, offrir un service client d’exception, à la galerie, et à distance. Enfin, continuer à innover pour garder sa place sur ce marché.
L’innovation, Thaddée Poliakoff y pense tout le temps. Il a régulièrement fait bouger les lignes de sa galerie et du marché. Il aime notamment développer de nouvelles manières de rencontrer son public.
Bouillonnant, il arrive chaque semaine en réunion d’équipe avec une nouvelle idée à tester ! Il en profite pour me partager sa gratitude pour son équipe, qui parvient à le suivre dans ses ambitions, et œuvre à rendre l’estampe accessible au quotidien.
Attirer de nouveaux publics
Le marché de l’art moderne est en quête de nouveaux publics. Les collectionneurs ont en majorité plus de 50 ans. Les galeries doivent donc diversifier leur public, si elles souhaitent faire perdurer les formes d’art traditionnelles, à une époque où la compétition pour l’attention et le pouvoir d’achat fait rage.
Parmi les nouveaux publics que vise la galerie, les 25-35 ans, qui voient énormément d’images sur les réseaux, et qui amorcent un retour vers le support physique, comme en témoigne le renouveau du vinyle.
Autre exemple : les jeunes propriétaires souhaitant décorer leur appartement, et qui deviennent collectionneurs à force d’être exposés aux œuvres. Ça, c’est le Graal. Si le galeriste arrive à faire un bon travail d’accompagnement.
On peut aussi s’appuyer sur les tendances, notamment la BD ou le street art, pour attirer un public qui ne fréquente pas traditionnellement les galeries d’art.
C’est donc le déterminisme, qui veut qu’on collectionne quand on naît dans une famille de collectionneur, que Thaddée Poliakoff cherche à combattre. Il assume son héritage, et souhaite utiliser ce privilège pour contribuer à faire vivre l’estampe moderne dans ce siècle.
Je sors de cette conversation enrichi de l’expérience de Thaddée Poliakoff, et heureux de partager avec lui cette volonté de rendre accessible l’estampe. J’ai découvert un homme généreux, passionné et visionnaire. Sa galerie lui ressemble.
Galerie Le Coin des Arts
6, rue de l’Échaudé – 75006 Paris
53, rue de Turenne – 75003 Paris
https://www.lecoindesarts.com/